Royal Europa Kraainem Football Club
Association sportive (club de football)
À propos
Objectifs
L’objectif du projet est d’apporter un soutien aux demandeurs d’asile et aux réfugiés accueillis au sein du club. En leur ouvrant ses portes, le club permet aux bénéficiaires de reprendre pour quelques temps une activité et de se sentir chez eux dans leur communauté d’accueil.
“Nous sommes convaincus que le sport en général – et le football en particulier – est un formidable vecteur d’intégration qui a la capacité de rassembler les foules autour d’une même passion. Cela devient alors bien plus qu’un jeu mais un langage universel connu de tous avec une capacité fédératrice exceptionnelle”. En portant ce message, le club souhaite partager son expérience et sa méthodologie à d’autres acteurs de terrain et de la société civile afin qu’ils puissent s’en inspirer et mener leurs propres projets.
“Nous croyons que par la multiplication d’initiatives locales et proches des citoyens il est possible d’aboutir à des effets globaux”.
Description de l’action ou du dispositif
Le Royal Europa Kraainem Football Club est un club de football amateur situé dans la banlieue bruxelloise qui a décidé dès septembre 2015 de lancer une initiative en matière d’intégration de jeunes réfugiés et de demandeurs d’asile: “We Welcome Young Refugees”.
Kraainem FC a dès lors adapté son quotidien afin de pouvoir accueillir des mineurs étrangers non-accompagnés (MENA), filles et garçons, au sein du club. A travers les différentes activités proposées, cette initiative a vocation à s’inscrire dans la durée et dans le parcours d’intégration citoyenne de ces jeunes. Ce projet en faveur de l’intégration de jeunes réfugiés est devenu un pilier de la vie du club.
Le Royal Europa Kraainem FC a accueilli depuis cinq saisons plus de 2500 jeunes réfugiés et demandeurs d’asile, en trouvant la bonne combinaison entre la pratique du football et une série d’actions favorables à leur intégration.
Pendant la saison sportive de septembre à mai, le Club accueille tous les après-midi des groupes de 6 à 10 MENA âgés de 12 à 18 ans, en provenance des Centres Fedasil (Agence Fédérale pour l’Accueil des Demandeurs d’Asile, en Belgique) de Woluwe Saint-Pierre, Rixensart et Overijse et du centre de la Croix Rouge de Jette. Une fois arrivés au club, les participants sont invités à choisir et à participer à une table de discussion (en français, en anglais ou en néerlandais) organisée par le club dans des salles aménagées spécifiquement. La discussion est animée par un enseignant bénévole. Pendant les vacances scolaires, le club organise des stages spécifiques (instruction civique, informatique, bricolage et formation professionnelle) en faisant appel à des organismes externes qualifiés dans ces matières, ou organise des visites culturelles dans Bruxelles.
Après les cours, les jeunes rejoignent les vestiaires du club où ils sont habillés dans la tenue du club avant d’être dispersés dans les différentes équipes, en fonction de leur âge, afin d’y suivre un entraînement.
Une fois la séance de football terminée, les jeunes sont conviés à un repas chaud à la cafétéria du club, qu’ils partagent avec les bénévoles et de temps à autre avec les jeunes de leur équipe de club.
Après le repas, ils sont reconduits aux centres par un minibus mis à disposition par le club.
Méthodologie
Diagnostic
Le Kraainem Football Club est un club de football amateur qui s’affirme en Belgique comme le club de la diversité.
Fondé dans les années 1990 par un groupe de fonctionnaires européens, ses membres fondateurs étaient loin d’imaginer que 25 ans plus tard, leur club accueillerait plus 350 jeunes, issus de 42 pays différents. Cette diversité culturelle est omniprésente à Kraainem, elle est inscrite dans son ADN et se présente comme un atout majeur.
Le club a toujours été persuadé que le football est réellement un vecteur d’intégration sociale. En tant qu’organisation sportive locale, le club cultive le capital social issu de cette diversité et crée les conditions d’un “vivre ensemble” à l’échelle de ses 350 enfants affiliés et des centaines de jeunes réfugiés et demandeurs d’asile que les enfants du club accueillent dans leurs équipes depuis cinq saisons.
A travers les différentes activités proposées, cette initiative a vocation à s’inscrire dans le parcours d’intégration de ces jeunes et forcément dans la durée. Les arrivées de ces jeunes réfugiés sur le territoire belge continuent à être conséquentes et il convient de les aider à réussir leur parcours d’intégration civique.
“Nous pensons que le football est indéniablement un maillon de cette chaîne d’intégration”.
Évaluation
“Nous entretenons un dialogue permanant avec les différents acteurs de ce projet afin de s’assurer que la réponse la plus adéquate possible soit apportée aux besoins des participants”.
La population de réfugiés et de demandeurs d’asile étant particulièrement vulnérable, il est primordial d’entretenir une relation de confiance avec les centres d’accueil qui collaborent durablement avec le club depuis des années.
“Ces cinq dernières années, nous avons mis en place une équipe de bénévoles dévoués à converser en français, en néerlandais ou en anglais avec les groupes de jeunes que le club accueille. Ils procèdent à une évaluation régulière des progrès effectués par chacun des participants”.
Ces observations sont communiquées aux centres d’accueil qui s’en servent pour évaluer les jeunes dans un environnement extérieur au centre d’accueil. Un feedback hebdomadaire a également lieu entre la direction sportive et les gestionnaires de projet. Il a pour but de s’assurer de la bonne intégration des jeunes au sein des équipes.
“Nous voulons à tout prix éviter qu’ils se sentent marginalisés, c’est pourquoi tous les joueurs et les entraineurs du club sont briefés pour accueillir leurs nouveaux partenaires au mieux”.
Le projet se veut ambitieux et tente de se réinventer année après année, en y ajoutant de nouvelles perspectives et des idées créatives. Une évaluation globale est organisée à cette occasion par le club. Les partenaires ainsi que des acteurs externes au projet sont consultés régulièrement. Ces séances de brainstorming s’avèrent très fonctionnelles puisqu’elles permettent d’apporter un regard nouveau sur les activités et de créer une dynamique qui est essentielle pour sortir de sa zone de confort et ne pas tomber dans la répétition.
Facteurs clés de succès
Un programme sur-mesure
Le principal facteur clé a été de trouver la formule qui puisse convenir à la fois aux capacités du club et de sa communauté, et aux besoins des jeunes demandeurs d’asile et réfugiés qui y sont accueillis.
Le programme que suivent ces jeunes au sein du club est adapté selon le groupe cible.
“L’accueil et les accents sont différents selon que nous ayons à faire à de jeunes enfants scolarisés et vivant avec leurs familles ou des MENA qui viennent d’arriver dans le pays et ne parlent ni le français, ni l’anglais, ni le néerlandais”.
Au fil des années, le club a su apprendre à différencier ses approches en fonction du profil des jeunes accueillis.
Créer une communauté d’intérêts
Un second élément à prendre en compte concerne l’équilibre entre la communauté du club et les jeunes réfugiés et demandeurs d’asile. Ce projet se veut inclusif et a donc pour objectif la rencontre entre ces deux communautés à travers la pratique du football. Il est dès lors important de répartir les MENA en petits groupes au sein des différentes équipes du club afin qu’ils puissent devenir membres d’une nouvelle équipe. Cela leur permet de s’intégrer plus rapidement au sein du club et développer plus rapidement un sentiment d’appartenance au club.
Communiquer et expliquer
“Nous mettons beaucoup d’énergie dans la communication autour de ce projet car nous considérons que c’est un aspect déterminant à plusieurs égards”.
L’inclusion sociale des demandeurs d’asile est une thématique sociétale sensible en Belgique. Afin d’éviter les malentendus et la propagation de la désinformation, le club a souhaité être proactif et informer la communauté du club de manière régulière et précise à propos des enjeux et des réalisations de ce projet.
Par ailleurs, la communication externe permet de donner une dynamique au projet au-delà de l’enceinte du club et de maintenir le contact avec les différents partenaires.
“Cela nous a permis d’acquérir une certaine reconnaissance et une légitimité à prendre la parole en tant que projet pilote exemplaire en matière d’inclusion de demandeurs d’asile et réfugiés par le sport. Ces éléments nous permettent d’attirer plus facilement de nouveaux partenaires ou collaborateurs qui souhaitent soutenir ou s’engager en faveur de notre projet. Ces soutiens rendent à leur tour la structure d’un tel projet plus solide et permettent de financer le projet durablement depuis plusieurs années, en donnant des perspectives futures”.
Chiffres clés
- 5 à 10 refugiés et demandeurs d’asile accueillis par jour, du lundi au vendredi.
- Depuis son lancement en septembre 2015, plus de 2500 jeunes ont participé à l’opération.
- Les jeunes sont issus de 34 nationalités différentes, les pays les plus représentés étant l’Afghanistan, la Guinée, la Somalie et l’Erythrée
Principaux freins rencontrés
Le principal challenge est d’assurer une inclusion réussie des jeunes au sein de nos équipes. La difficulté réside dans le fait d’accueillir des nouveaux arrivants chaque semaine. Il faut donc constamment reprendre le processus d’intégration du début.
“Nous insistons pour que la rencontre se fasse entre les jeunes migrants et la communauté du club, malgré des obstacles comme la barrière linguistique. Nos entraineurs jouent un rôle central dans ce processus car ils doivent faire en sorte que chacun soit considéré comme un membre à part entière de l’équipe”.
Perspectives de développement
Une ouverture au public féminin
Depuis un peu plus d’un an, le club accueil des jeunes femmes et filles réfugiées au club, sur la base du même modèle d’intégration. Elles participent aux entrainements au sein d’équipes féminines dont le nombre ne cesse de croître à Kraainem.
Le développement de ce projet doit faire face à des obstacles tels que la faible représentation des filles au sein de la population de MENA en Belgique (environ 10% à l’échelle nationale) ainsi que des barrières culturelles et des préjugés selon lesquels la pratique du football par les femmes ne va pas de soi.
“Nous souhaitons néanmoins développer cet aspect du projet afin qu’il devienne un de ses piliers”.
Renforcer la communication et l’évènementiel
En parallèle, le club a développé un partenariat avec le Collectif HUMA, une équipe de photojournalistes spécialisés dans les reportages sociétaux. L’organisation d’une exposition photo avec la ville est prévue.
Aussi, le club mettra en place au printemps 2021 une plateforme digitale en collaboration avec le Collectif HUMA. Cette plateforme reprendra des portraits et des récits de certains des réfugiés et demandeurs d’asile passés par le club ces derniers mois.
“Cela nous permettra de partager ces clichés avec le grand public et d’utiliser cette plateforme comme outil de communication externe”.
Label / Reconnaissance
- Le Comité Olympique et Interfédéral Belge a décerné le trophée “L’Olympisme en action” du Comité International Olympique à notre Club en 2018
- La Panathlon Wallonie-Bruxelles nous a remis le Prix du Fair Play 2019
Informations administratives
Nombre et nature des salariés
Le club n’a pas de salariés
Nombre de bénévoles
Une quinzaine de bénévoles et autant de travailleurs associatifs
Partenaires publics
- Fedasil
- Commission européenne
- Loterie Nationale
Partenaires privés
- Laureus Sport for Good
- Fondation UEFA pour l’Enfance
- Fondation Engie
- Levi Strauss & Co.
- Fondation P&V
- Fondation Roi Baudouin
Retours d’expérience similaires
Retrouvez toutes nos actions par thématiques